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Aux sources du Funk

today5 mars 2022 267 11

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Le Funk, c’est quoi ? Quand est-il né ? d’où vient son nom ?

Quelques éléments de réponses dans les paroles de quelqu’un qui connait très bien le Funk, puisqu’il a joué au côté de James Brown pendant 25 ans, je veux parler de Maceo Parker :

 »Le Funk, c’est un style fait pour ceux qui veulent danser et s’amuser, un style qui permet de lever d’emblée toute inhibition. Je ne sais pas à quand ça remonte, mais certainement aux premiers tambours. Un type qui tape sur ses genoux ou ses cuisses avec le plat de la main et qui obtient ce rythme syncopé, très différent de celui du vieux Blues ou du Swing des Big Bands. Dum-da-doo-dum-bah !! Sans le vouloir, votre cou se met à onduler, votre corps danse. Je ne sais pas d’où vient çà vient, mais probablement du Vieux Sud, peut-être de la Nouvelle-Orleans »

Partageons une autre vision du Funk, celle de George Clinton qui a dit :  »Le Funk, c’est le prolongement du carnaval »

Il semblerait que l’origine du mot Funk vienne des Flandres, où ‘fonck’  était synonyme de peur dans le parler du XVIIe siècle. Comme la peur est souvent associée à des odeurs nauséabondes, le mot Funk semble désigner tout ce qui sent mauvais, comme par exemple le tabac qui se consume.

L’Amérique noire s’approprie rapidement le mot Funk pour désigner toutes les odeurs puissantes, notamment celle qui accompagne l’acte amoureux. Les ressemblances entre le mot d’argot américain fuck et Funk, joueront un rôle important dans cette évolution.

Fort logiquement donc, le mot Funk envahit littéralement l’univers musical de la population noire américaine. Pendant la période de l’entre-deux-guerres, les musiciens Afro-américains utilisaient l’adjectif funky, pour qualifier le côté terre à terre du Blues. Il semblerait que le Jazz soit le premier à avoir fait du Funk un style volontairement sale et rudimentaire.

En 1953, le pianiste Horace Silver enregistre Opus De Funk. Les spécialistes nous disent que c’est l’acte de naissance de cette nouvelle école. Ray Charles, un peu plus tard, lui donnera le nom de Soul Jazz. The Genius établira une première connexion entre Funk & Soul. Par la suite, le Godfather Of Soul James Brown, parrainera définitivement la révolution Funk !

James Brown, boudé par le public américain dans ses hit-parades Pop, annonce la révolution du Funk en 1965 avec ‘Papa’s Got A Brand New Bag‘, autrement dit ‘Papa a un tout nouveau truc’ ! Jamais à court d’idées, James Brown invente une Soul d’un tout nouveau genre. Il se proclame ‘Minister Of New super Heavy Funk‘ (Ministre du nouveau super heavy funk).

Et JB le prouve avec des riffs de cuivres cinglants qui agissent comme de véritables points de ponctuations, des accords de guitares secs et étouffés, une ligne de basse proéminente, une batterie originale qui met l’accent sur les premiers et troisième temps de chaque mesure, tout cela associé a ses feulements rauques dont lui seul à le secret ! Une musique contagieuse, qui rend accro, inventée pour la danse, mais qui en profite pour délivrer au passage un message fort : la fierté d’être noir et la suprématie rythmique des Afro-américains.

James Brown est le roi du Funk, et personne ne conteste ce titre. Il règne en maitre sur son royaume funky, et pourtant il utilise peu le mot Funk dans ses chansons, mais il déclare tout de même en 1969 : ‘Ain’t It Funky Now‘,  What else 😉

Les plus grands noms de la Soul Music, par l’odeur alléchés, commencent à s’intéresser de très près à ce dossier brulant qu’est le Funk.

Citons Wilson Pickett, Les Temptations, qui laissent de côté leurs ballades inoffensives, le temps d’interpréter un vibrant ‘Papa Was A Rolling Stone‘ composé par le grand Norman Whitfield en 1972. Les Isley Brothers entament également un virage funky avec le titre ‘It’s Your Thing‘.

De nouveaux groupes font leur apparitions et revendiquent fièrement ‘leur’ Funk. Les Meters, les Ohio Players, Beginning Of The End, Charles Wright & The Watts 103rd Street Rhythm Band,  viendront ensuite Les Blackbyrds et bien sur Earth Wind & Fire !

Mais le Funk le plus flamboyant reste dans les mains des héritiers direct de James Brown. C’est le cas du groupe dirigé par Maceo Parker : Maceo And All The King’s Men. Mais c’est encore plus marquant pour le chanteur et bassiste William ‘Bootsy’ Collins qui quitte les JB’s en 1971 pour former son propre groupe : Les House Guests.

James Brown dira de lui :  »Bootsy était un champion toute catégorie de la basse quand je l’ai rencontré. Je lui ai montré l’importance du premier temps dans le Funk, et avec tout ces trucs incroyables qu’il savait déjà faire au plan technique, il a pu prendre son envol »

Juste après avoir quitté JB, Bootsy Collins s’associe avec un autre spécialiste du Funk, George Clinton, le géniteur du groupe Funkadelic qu’il fonde en 1969. Cette association très ‘funky‘ va faire des étincelles pendant les 10 années qui vont suivre, le tout dans la bonne humeur bien sur…

Parlons maintenant d’un autre grand maitre du Funk Psychédélique. Sylvester Stewart, plus connu sous nom de Sly Stone, qui n’hésite pas à injecter une bonne dose de Funk dans les mouvements musicaux alternatifs qui se développent à la fin des années soixante en Californie. Avec la basse omniprésente de Larry Graham, Sly & The Family Stone s’intègre tout d’abord dans la vague hippie, avant de délivrer des textes plus engagés, reflétant les préoccupations grandissantes des ghettos. L’album There’s A Riot Going On en est un parfait exemple.

L’émergence du Disco va tout doucement éteindre la flamme du Funk. Pas complétement bien sûr, des groupes comme Fatback ou Cameo continuent à remplir les pistes de danses. Durant la seconde moitié des années 70, Rufus & Chaka Kahn mêleront habilement Jazz & Funk, tandis que les Istley Brothers poursuivront leur route dans un registre funky.

Les seuls à tirer leur épingle du jeu pendant cette invasion Disco, restent incontestablement George Clinton & Bootsy Collins. En 1978, c’est la sortie du titre ‘One Nation Under A Groove‘, un hymne composé par Funkadelic qui rallie les troupes.  C’est à ce moment qu’apparait le fameux ‘Funk U Sign‘, un poing levé d’où émergent l’index et le petit doigt. Le thème du slogan est : ‘Rescu Dance Music From The Blahs‘ (‘Sauvons la musique de danse des nases’).

Un nouveau style de Funk apparait bientôt à Chicago, Les Soul Searchers de Chuck Brown lancent le Go-Go, un style de Funk ravageur qui annonce l’arrivée imminente du Rap ! Des groupes comme Trouble Funk et E.U excelleront également dans ce nouveau courant Go-Go.

Prince et sa famille musicale feront entrer le Funk dans une nouvelle ère grâce aux avancées de l’électronique. La famille Troutman, avec Roger & Zapp à sa tête, permettront au Funk de conserver ses qualités essentielles, l’humour et le sens du dérisoire. Roger Troutman apportera sa touche personnelle, en usant et abusant pour notre plus grand plaisir, de la Talkbox, un appareil électronique connecté à un clavier afin de créer différents effets vocaux. Mention spéciale pour le morceau ‘It Doesn’t Really Matter‘, sorti en 1985, les connaisseurs apprécieront…

Souhaitons au Funk de garder son esprit décalé et effronté !

Nous laisserons les mots de la conclusion à Pharrell Williams :  »Le Funk c’est un sentiment. Vous savez que c’est du Funk quand votre visage se crispe de plaisir »

Le Funk, source d’inspiration pour Musicolor

 

 

Écrit par: Eric

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